[musique] Visuel: [Titre: L’imagerie mentale guidée, partie 2: Écriture, Les méthodes de visualisation, la méthode du contexte suggéré]. Visuel: [Temps, lieu et personnage sont suggérés par l’enseignante ou l’enseignant]. Oratrice : Pour la première démarche, la visualisation dont le contexte est suggéré, il s’agit d’amener les élèves à se promener mentalement dans un univers, dans le temps, le lieu, et les personnages sont suggérés par l’enseignante ou l’enseignant. Cette démarche est aussi une belle occasion pour intégrer les nouveaux mots de vocabulaire. Dans le prochain segment, Madame Johanne Turcotte, enseignante de sixième année, nous modélise la démarche de visualisation dont le contexte est suggéré. [musique] Visuel: [Titre: Modélisation de la méthode de visualisation, la méthode du contexte suggéré]. Visuel: [Johanne Turcotte, enseignante de 6ième année de l’École élémentaire publique Michaëlle-Jean, est debout derrière son bureau, face à sa salle de classe.] Johanne Turcotte : Fermez vos yeux. On va prendre le temps de prendre trois grandes respirations ensemble et ensuite de ça, je vais vous amener dans un petit voyage avec moi. Nos respirations se font par le nez, elles sont lentes et contrôlées. On vide l’air de nos poumons. On inspire, expire, inspire, expire, inspire et expire. Maintenant, je veux que tu t’imagines dans le bois, dans la forêt. C’est une journée d’été. Il y a un gros soleil dans le ciel et tu peux sentir la chaleur de ce soleil-là sur ton visage. Sens ce soleil-là te caresser la peau et c’est bon, ça fait du bien. Tu regardes autour de toi et tu décides de marcher. Essaie de te voir en train de marcher dans le bois. Tes pieds qui se posent sur des petites branches et qui les font briser. Ça fait du bruit ça, que tu peux entendre dans ta tête. Déplace-toi entre les arbres. Essaie d’entendre peut-être le bruit du vent dans les feuilles, le bruit des oiseaux. Est-ce qu’il y a un petit lièvre qui court tout près de toi ? Essaie de le voir. Tu continues de marcher et tu approches d’un très gros arbre. Tu t’intéresses. Il est tellement gros. Là, tu approches de cet arbre-là et je veux que de tes mains, tu ailles toucher l’écorce de l’arbre. Sous tes doigts, sens bien la texture de l’écorce de cet arbre-là, approche ton nez et sens l’arbre. Qu’est-ce que ça sent ? Qu’est-ce que ça te rappelle ? Là, tu le trouves tellement beau cet arbre-là que tu décides de lui faire un gros câlin, mais il est énorme. Alors, tu essaies de mettre tes bras autour de cet arbre-là et je veux que tu essaies de le sentir sur tout ton corps, parce que tu es collé contre le tronc de l’arbre. Essaie de sentir le tronc de l’arbre, l’écorce de l’arbre contre toi. Là, ton attention est attirée par un bruit que tu entends au loin. Alors, tu laisses derrière toi ton ami l’arbre et tu es très curieux. Tu te diriges vers le son que tu entends et tu reconnais le son de l’eau qui coule. Tu approches et tu y découvres une jolie petite rivière où l’eau coule très doucement. L’eau est peu profonde, tu vois les roches dans le fond. Peut-être que tu y vois des petites grenouilles marcher sur le bord de la rivière. Il fait tellement chaud que tu décides d’enlever tes souliers et de te mettre les deux pieds dans cette eau fraîche. Ça te fait du bien cette sensation de fraîcheur sur les pieds. Tu te penches, tu prends un peu d’eau de la rivière dans tes mains et tu asperges ton visage avec pour te rafraîchir. Là, tu décides d’avancer, mais dans la rivière. Tu poursuis ta route et à un moment donné sur le bord de l’eau, tu aperçois une cabane. Alors là, encore plus curieux que tout à l’heure, tu sors de l’eau, tu remets tes souliers, et tu te diriges vers cette cabane-là. Prends le temps de bien la regarder ta cabane. De quoi elle a l’air ? Elle est en bois peut-être ? C’est une vieille cabane. Essaie d’imaginer les fenêtres, la porte, un vieux toit. Là, ta curiosité étant très forte, tu décides de pousser et d’ouvrir la porte. Tu entres doucement à l’intérieur et tu te rends compte qu’il n’y a personne. Regarde autour de toi, il y a une grande pièce. Essaie de voir autour de la pièce les meubles que tu y vois. Essaie d’y imaginer peut-être un foyer dans le coin, de la vaisselle laissée sur la table. En plein centre de ta pièce, il y a un coffre, un grand coffre. Tu t’approches et tu décides de l’ouvrir pour voir ce qu’il y a à l’intérieur. Ouvre ton coffre et imagine ce que tu y trouves à l’intérieur. Est-ce que ça a des couleurs particulières ? Est-ce que ça a une texture particulière, une forme, une grosseur ? Ça te rappelle un petit quelque chose ? Prends cette chose-là à l’intérieur de ton coffre entre tes mains et observe-le, fais-le tourner dans tes mains pour essayer de l’observer de différents côtés. Quand tu vas être prêt, tu vas pouvoir re-déposer cet objet-là dans ton coffre et seulement quand tu seras prêt, tu pourras ouvrir les yeux, prendre ton crayon, et tu vas me raconter ton voyage que tu as fait dans le bois, à partir du moment où on est arrivé dans le bois et que tu as commencé ta marche. Je veux que tu me racontes tous les détails que tu as vus, tous les détails que tu as entendus, tous les détails que tu as sentis. Quand tu es prêt, tu ouvres les yeux et tu commences ton écriture. [musique] Visuel: [Titre: L’imagerie mentale guidée, Partie 2: Écriture, Les méthodes de visualisation, la méthode du contexte non suggéré, l’élève se retrouve dans un contexte de son choix.] Oratrice : La deuxième démarche, la visualisation dont le contexte n’est pas suggéré, peut être particulièrement utile pour les textes prescrits tels que le récit. À l’étape de l’écriture, l’enseignante ou l’enseignant fait visualiser une section par jour de la structure du récit. Par exemple, la situation initiale. La visualisation pourrait ressembler à ceci. Vous vous retrouvez dans le lieu que vous avez choisi, prenez le temps d’observer le ciel. Est-il pluvieux, maussade ou ensoleillé ? Observez les objets environnants, leur texture et leur forme. Que voyez-vous à l’arrière-plan ? Êtes-vous l’acteur principal ou témoin de cette histoire ? Promenez-vous dans ce lieu et voyez tous les mouvements. Dans le prochain segment, Madame Valérie Méthot nous modélise la démarche de visualisation dont le contexte est non suggéré avec ses élèves de sixième année. Elle commence par la préparation pour la pré-écriture visualisée de la situation initiale. [musique] Visuel: [Titre: Modélisation de la méthode du contexte non suggér.] Valérie Méthot: Aujourd’hui, on va faire une visualisation en écriture, visualisation de situation initiale d’un récit où je ne vais pas vous donner le contexte. Vous devrez alors développer votre personnage, développer le lieu, le temps, et tout ce qui va autour de la situation initiale. Avant de commencer, on va prendre une bonne position, les deux pieds au sol. On va fermer nos yeux. Une première inspiration et on expire, une deuxième et on expire. Tu poses ta tête sur ton bureau. Garde les yeux fermés. Reprend contact avec ta respiration. Je te demande d'imaginer un personnage, un seul homme, une femme, jeune ou vieux. Comment le sais-tu ? Arrête-toi sur son visage. Est-ce qu'il y a des traits dans son visage qui sont particuliers ? Peut-être des lunettes, des poils au menton, une moustache. Comment sont ses cheveux, la longueur, la couleur ? Ton personnage a-t-il un nom ? Maintenant que tu as une bonne image de ton personnage, où est-il ? Qu'est-ce qu'il y a autour de lui qui te permet de reconnaître l'endroit ? Est-ce qu'il y a des sons particuliers à cet endroit ? Écoute bien. Est-ce qu'il y a des odeurs agréables, désagréables ? Ton personnage est à un endroit précis. Ce n'est pas une statue. Il fait quelque chose. Que fait-il ? Quelle est son intention ? Il fait peut-être un premier mouvement, un deuxième, que veut-il au juste ? On sait qui, on sait où, on sait ce qu'il veut. Quand tu te sens prêt, quand tu te sens prête, tu vas aller voir ta fiche de situation initiale pour la pré-écriture et tu vas remplir celle-ci. N'oublie pas d'y mettre en séquence les mouvements de ce que ton personnage fait comme dans un film. Tu te sens prêt, tu te sens prête ? Tu me décris cette situation initiale. Oratrice : Les élèves se mettent au travail et commencent à écrire et à remplir la fiche de la situation initiale. L'enseignante ensuite procède avec la visualisation guidée de la situation initiale suivie de partage de groupe. Valérie Méthot: Referme les yeux. Tu as eu le temps d'écrire sur ton personnage, sur le lieu, le temps, sur ses actions. On va essayer de revoir, tu essaies de revoir dans ta tête le film de ce que tu as écrit. Avant d'écrire le texte, revois ton petit film : ton personnage, comment se sent-il ? Quelle est son humeur au moment du début ? Revois tout ce petit film dans ta tête. Une action après l'autre, essaie de ressentir les mêmes émotions que ton personnage. À l'écriture, quand tu es prêt tu peux y aller écrire ton petit paragraphe pour la situation initiale. Je te donne une dizaine de minutes. On écoute attentivement et on essaie de se faire des images au fur et à mesure que Ikram nous lie son début de récit. Ikram: Un beau vendredi matin, Mélissa se lève et descend dans la cuisine pour manger son petit déjeuner. Après qu'elle a eu fini de manger, elle sort son cahier de math et commence à étudier. Après avoir fini d'étudier, elle entend la sonnette et elle va ouvrir la porte. Elle voit toutes ses amies parce que chaque matin elle et ses amies vont à l'école en marchant ensemble. Elles vont marcher aujourd'hui; quand elles arrivent, elles vont tout de suite faire le test et l'enseignant a commencé à parler. Mélissa commence à écrire. Après une semaine, elle a eu son test et elle a réussi. Valérie Méthot: Très bien, merci. On s'est rendu loin dans ta situation initiale. Tu t'es rendu même jusqu'à la fin. Très bien. Est-ce que tu as eu des images ? Qui est-ce qui a eu des images en écoutant Ikram ? Qu'est-ce que c'est l'image que tu as eue ? Qu'est-ce que tu as eu comme image en l'écoutant ? Xavier. Xavier: J'ai vu qu'il y avait quelqu'un qui a mangé et après a sorti son cahier de son sac. Valérie Méthot: Est-ce que tu as vu ce qu'elle a mangé ? Xavier: Oui. Valérie Méthot: Qu'est-ce que c'était ? Xavier: Un bol de céréales. Valérie Méthot: Ikram; est-ce que c'était un bol de céréales ? Ikram: Oui. Valérie Méthot: Est-ce qu'il avait dit dans son texte ? Xavier: Non. Valérie Méthot: Ça, c'est des choses que tu as ajoutées. Bravo. C'est de l'inférence, excellent. Oratrice : Le prochain segment nous présente un autre exemple de visualisation dont le contexte est non suggéré. Madame Huguette Carrière nous modélise la démarche avec ses élèves de quatrième année. [Musique]. Visuel: [Titre: Autre modélisation de la méthode du contexte non suggéré.] Visuel: [Huguette Carrière est assise face à ses élèves couchés au sol, les yeux fermés.] Huguette: Ferme tes yeux et trouve une page noire dans ta tête. Quand tu as trouvé ta page noire à toi, lève ton pouce. On va pouvoir commencer. Merci. Tu peux baisser ton pouce. Je vais te demander de choisir un moment dans la ligne de temps de notre planète. J'aimerais que tu choisisses un bout de notre ligne de temps de la terre, celle que toi tu as préféré étudier jusqu'à maintenant. Il y a un point de lumière sur ta page noire. Si tu le laisses grossir, tu vas voir apparaître des chances de cette période-là, de l'histoire de la Terre. Qui est-ce que tu vois ? Est-ce que tu vois un, deux ou trois personnages ? Est-ce qu'ils ont le même âge ? Est-ce qu'ils sont des personnes d'une même famille ou ils appartiennent ? Fais leur faire des mouvements. De quelle humeur ils sont au début de ton histoire ? Qu'est-ce qu'ils portent ? Quelle couleur ils ont choisie ? Qu'est-ce qu'il y a dans l'arrière-plan de ces personnages-là, en arrière d'eux ? Est-ce qu'ils sont au début de l'image, en face de l'image, près de toi ou s'ils sont loin en arrière ? Qu'est-ce qui se passe comme mouvement autour d'eux du début, au milieu et à la fin de ton histoire ? Est-ce que ça se passe au début ? Tu as le droit de changer le temps. Tu as le droit de changer la saison. Tu peux changer tout ce que tu veux. C'est ton imagination qui décide. Est-ce que ça se passe sur une courte période, une longue période ? Qu'est-ce qui se passe dans chacune de ces périodes-là ? On est au milieu de l'histoire. Où sont-ils ? Qu'est-ce qui se passe de spécial dans ton histoire, dans ton film à toi ? Est-ce qu'ils vont trouver des solutions ? Est-ce qu'ils vont enfin trouver une solution qui fonctionne ? Toi, dans ce film-là, où est-ce que tu es ? À l'intérieur d'un personnage ? Est-ce que tu es à côté de l'image ? Est-ce que tu es dans le film ? Est-ce que tu te vois-là ? Est-ce que tu es parmi les personnages principaux et secondaires ou est-ce que tu es juste à côté, et puis tu regardes ça ? Est-ce qu'il y a des sons autour de ça du début jusqu'à la fin ? J'ai hâte de lire ton film. Retourne au début. Retourne au début quand il y avait une page noire. Quand tu vas avoir retrouvé ta page noire, lève ton pouce. Est-ce que tu peux dans ta tête à toi, voir ton film du début jusqu'à la fin ? Quand tu auras fait ça, et que tu te sois rendu à la fin, lève les deux pouces. Voilà. Je vais vous demander maintenant sans faire de bruits, du bout de tes orteils, de te rendre à ta place et de laisser ton film se raconter du bout de ton crayon à toi. Oratrice : Des élèves partagent avec la classe leurs images mentales. Puis, toute la classe se met à écrire. Huguette Carrière: Qui d'autre pourrait raconter un petit bout de son histoire ? Chloé ? Chloé : J’ai fait l’écriture d’une bonne partie de l'histoire. C'est un petit garçon qui est en train de parler de sa vie. Après, il veut montrer des pyramides. Il marche, il marche. Il n'y avait pas une map avec lui. Tout à coup, il s'est perdu, puis crit à l'aide. À l'heure là, il a trouvé un objet par terre, il l'a pris, puis il a soufflé dedans, il a fait comme si le monde pouvait l'entendre. Après, tout le monde a marché, ils se sont toute séparés, puis ils l'ont trouvés. Il est revenu chez lui, puis il a tout expliqué à ses parents comment ça s'est passé. À la fin de l'histoire, ils fêtent une fête parce qu'ils l'ont trouvé. C'était aussi sa fête. Huguette Carrière: J'ai vraiment l'impression qu'il existe ton personnage. Est-ce que tu as l'impression qu'il vivait dans ta tête ? Chloé : Oui. Huguette Carrière: C'est comme si tu le connaissais déjà. Tu veux me le raconter à l'écrit ? Je vais pouvoir le rencontrer aussi. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre qui veut en parler de son histoire, Julia ? Julia: Mon histoire se passe en Grèce, au Colisée. Qu'est-ce qui arrive ? C'est qu'il y avait une bataille qui se passait dans le Colisée. Là, il y avait une fille qui regardait la bataille, et elle allait tomber. Il y avait un tueur qui est venu. Il avait un éclair, il a lancé, et elle s'est arrêtée, et elle s'est revoler sur son siège. Huguette Carrière: C'est tout un détail. C'est super intéressant. Visuel: [Les élèves écrivent leur récit sur une feuille de papier.] [musique] Visuel: [L’imagerie mentale guidée, Partie 2: Écriture, les méthodes de visualisation, la méthode de visualisation à l’aveugle.] Oratrice: La troisième démarche, la visualisation en aveugle est inspirée du livre Les Yeux noirs de Gilles Tibo, et du film produit par l'ONF. Le livre, ainsi que le film relatent l'histoire de Mathieu, un petit garçon aveugle de naissance et possédant un riche imaginaire grâce à ses multiples yeux dans ses mains, ses pieds, son nez, sa bouche, et surtout ses oreilles. Visuel: [Passage du film en dessin animé de Gilles Tibo, Mathieu est dans sa chambre, dans le noir.] Mathieu: Je suis Mathieu, alias Mat le grand détective. C'est aujourd'hui vendredi, la veille de mon anniversaire. Ma mission pour la journée, trouver mon cadeau, stop. Je procède maintenant à la vérification de tous mes yeux secrets de super détective. Mes yeux cachés fonctionnent parfaitement. Je pars en mission. Narratrice: Il s'agit d'amener les élèves dans l'univers de Mathieu, et les inviter à se promener dans un lieu suggéré, mais en utilisant les autres sens que la vue. [musique] Visuel: [Titre: Modélisation de la méthode de visualisation à l’aveugle.] Visuel: [Valérie Méthot, enseignante de 6ième année, École élémentaire publique Des Semtiers, est en salle de classe livre en main, face à ses élèves.] Valérie Méthot: Aujourd'hui les élèves, je vais vous lire un livre qui s'appelle “Les Yeux noirs” de Gilles Tibo. J'aimerais ça que tu prends le temps pendant que je lis de te faire des images dans la tête de ce qui se passe. Je m'appelle Mathieu, j'ai sept ans, et je ne ressemble à personne. J'ai les cheveux frisés comme un mouton, de grandes oreilles d'éléphant, un petit nez de souris, des mains douces comme des ailes de papillon, et des yeux noirs comme le charbon. C'est ma mère qui me l'a dit : « Mathieu, tu as de beaux yeux noirs comme le charbon. » Mes yeux, ils sont beaux, mais ils ne voient pas. Ils ne voient rien. Je suis aveugle depuis ma naissance. Même sous le soleil d'été, c'est comme si je marchais dans la nuit. Je n'ai jamais peur dans le noir, parce que je suis toujours dedans. J'ai remplacé mes deux yeux qui ne fonctionnent pas par 33 autres. Personne ne le sait. J'ai caché des yeux dans mes mains, dans mes pieds, dans mon nez, dans ma bouche, et surtout dans mes oreilles. J'ai deux gros yeux dans les oreilles. Ils me permettent de tout voir ce qui se passe autour de moi. Le vent qui souffle dans les arbres, les oiseaux qui chantent, les robinets qui coulent. Je vois aussi la musique, la belle musique qui me berce et me caresse. Avec mes oreilles, je reconnais la voix de mes amis Luc et Magali. Juste à les entendre, je sais leur bonheur ou leur malheur. Avec mes oreilles, je vois le plus petit bruit. Je peux même deviner l'arrivée de mon chat tout doux. J'ai des yeux cachés dans les mains, et au bout de chaque doigt. Dans les pieds, et au bout de chaque orteil. Ce qui donne 24 yeux. Avec mes doigts, je touche l'invisible autour de moi. Avec mes pieds et mes orteils, je reconnais la texture du tapis, du bois, du ciment ou de l'herbe. J'ai des yeux cachés dans le nez. Je vois les odeurs et le parfum des gens. Devant la ferme, nous parlons à un monsieur qui est très grand. J'entends sa voix descendre au-dessus de ma tête. Il me dit avec une voix qu'il y a du sable dedans : « Alors, c'est toi Mathieu ? Viens avec moi. J'ai quelque chose à te montrer. » Je lâche la main de ma mère, celle du grand monsieur s'empare de la mienne. Nous marchons dans un sentier tortueux. Soudain, le monsieur s'arrête. Il ouvre une porte de bois qui grince. Nous entrons dans une odeur de foin sec. Puis, je sens de curieux froments sur mes jambes. Je me penche, et je caresse des petites boules de poils qui me mordillent les doigts. Je me couche dans le foin, j'ai les yeux pleins d'eau. Les chiots grimpent sur moi, leurs petites pattes me chatouillent. Je ris, et mon rire bondit sur les murs de bois. J'entends la porte s'ouvrir. Mon père, ma mère et deux enfants s'approchent sans dire un mot. Un garçon et une fille, lui, il a couru. J'entends sa respiration. Elle, elle frotte ses deux pieds ensemble comme quelqu'un de gêné. Ma mère s'avance, le fouet craque. Elle me chuchote : « Voilà, mon grand. Tu peux choisir le chien que tu veux. Il est à toi. » Je saute dans les bras de ma mère et je l'embrasse dans le cou. Ensemble, nous tournons dans les airs comme dans un grand manège. Finalement, je choisis le chiot le plus doux et le plus enjoué. Je sors de la grange en le serrant contre moi. Il me lèche les joues et se tortille comme une chenille. En entrant dans l'auto, j'entends la petite fille demander tout bas : « Pourquoi il est aveugle ? » Son frère murmure : « D'après moi, ce n'est pas un aveugle pour vrai, il a choisi le plus beau. » Mon histoire est finie. Visuel: [L’enseignante dépose le livre.] Valérie Méthot Méthot: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui aimerait partager des images qui sont apparues au cours de la lecture ? Qu'est-ce que toi tu as pu voir pendant que je lisais ? Cédric. Cédric: Moi j'ai vu Mathieu étendu dedans le foin et avec des petits chiens qui lui grimpaient dessus. Valérie Méthot: Est-ce qu'ils avaient une couleur pour toi, les chiens ? Cédric: Non. Valérie Méthot: Non, pas de couleur ? Dans le texte on n'en parlait pas non plus. Quelqu'un d'autre ? Oui, Ikram. Ikram: Moi j'ai vu les petits chiots et Valérie Méthot: Est-ce qu'il y en avait plusieurs ? Ikram: Oui. Valérie Méthot: Combien y en avait-il ? As-tu remarqué ? Ikram: Oui, environ comme huit ou quelque chose. Valérie Méthot: Quelque chose comme huit ? Ikram: Oui. Valérie Méthot: Une grande quantité. Sébastien. Sébastien: Moi j'ai vu le grand homme. Valérie Méthot: Un grand homme ? Qu'est-ce que tu as vu de cet homme-là à part qu'il était grand ? Sébastien: Il tenait la main de Mathieu. Valérie Méthot: Oui. Est-ce que tu l'as vu habillé ? Sébastien: Oui. Valérie Méthot: Comment était-il habillé ? Sébastien: Comme un fermier. Valérie Méthot: C'est comment ça, un fermier ? Comment il s'habille le fermier ? Sébastien: Avec une chemise carreautée et des bottes, et comme une sorte de pantalon de neige, mais pas vraiment. Valérie Méthot: Pas doublé, un grand pantalon. Très bien, merci. Je vais te passer une petite partie de la vidéo juste pour que tu voies comment l'auteur a voulu qu'un illustrateur-- Ils ont créé un film avec ça. Peut-être qu'il y a des images que tu vas revoir, que tu as vues toi, dans ta tête. Aujourd'hui, je suis amené à visualiser, mais on appelle ça une visualisation à l'aveugle. Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi tu penses que j'appelle ça à l'aveugle ? Oui. Élève 1: Parce que je pense qu'on va fermer nos yeux pour faire semblant qu'on est aveugle. Valérie Méthot: Quand tu visualises d'habitude, est-ce que tu fais utiliser tes yeux, qu'est-ce que tu vois autour de toi avec tes yeux ? Daisy ? Daisy: Oui, Valérie Méthot: Oui, on essaie de voir, je te dis : « Regarde autour de toi. » Comment la personne est-elle habillée ? Des choses comme ça. Aujourd'hui, il va falloir que tu, ça va être difficile, mais que tu essaies de ne pas utiliser tes yeux quand tu vas visualiser. Je vais te guider à travers ça, et après ce que tu auras à écrire, va falloir qu'on pense que tu étais justement aveugle, que quand tu vas décrire, est-ce que tu vas pouvoir parler des couleurs en décrivant ? Non, tu ne pourras pas parler des couleurs. Est-ce que tu pourrais parler de la forme ? Comment tu aurais pu savoir la forme des choses ? Alexandre. Alexandre: Avec le toucher. Valérie Méthot: Oui. Comment le toucher va t'aider à découvrir ? Alexandre: Tu peux prendre tes doigts et tes mains et tu peux juste faire le contour de la forme. Valérie Méthot: Quoi d'autre tes mains vont te donner comme information sur ce que tu as dans tes mains ? Alexandre: La grosseur. Valérie Méthot: La taille. Ça peut te parler de la taille, donc la forme, la taille, avec tes mains tu peux avoir ça. Quoi d'autre que les mains, le touché peut me donner comme information ? Xavier. Xavier: La texture. Valérie Méthot: La texture. Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir comme texture ? Xavier: Ça pourrait être rugueux, ça peut être doux, ça peut être plat. Valérie Méthot: Lisse. Très bien. Maintenant on a parler un peu du touché, quel autre sens qu'on va pouvoir utiliser pour décrire ? Élève2: On peut utiliser l'odorat. Valérie Méthot: L'odorat. Qu'est-ce que l'odorat va me donner comme information ? Élève2: L'odorat il va nous donner la senteur. Valérie Méthot: Okay. Quelle sorte de senteur, d'odeur, on pourrait avoir ? Élève2: On pourrait avoir comme si ça pue ou si ça sent bon. Valérie Méthot: Des odeurs agréables, désagréables, la puanteur. Très bien. Qu'est-ce qu'on aurait d'autre comme sens qui pourrait nous aider ? Cédric: L'ouïe. Valérie Méthot: L'ouïe. Comment l'ouïe va t'aider ? Cédric: Ça nous aide, car, comme le matin, tu peux entendre les oiseaux qui chantent. Valérie Méthot: Si tu entends des vaches qui meuglent et que tu entends des moutons, des chèvres, le coq. Où je suis si je te parle de ça ? Cédric: Ferme. Valérie Méthot: À la campagne, à la ferme, tandis que si je te parle de mobylette, de klaxon d'auto, tu te trouverais plus où à ce moment-là ? Cédric: En ville. Valérie Méthot: En ville. Tu peux avoir beaucoup d'informations, tu peux décrire beaucoup de choses avec tes sens. Visuel: [L’enseignante éteind les lumières.] Valérie Méthot: Alors les yeux fermés, tu peux coucher ta tête. Prends contact avec ta respiration. C'est un bel après-midi d'été et tes parents t'annoncent qu'une surprise t'attend dans la petite cabane au bout du champ tout près de la forêt. Tu t'y rends seul. Tu sors de la maison, tu descends les marches et d'un pas rapide, tu te diriges au bout du champ. Il y a un bon vent qui fait bouger l'herbe du champ. Tu entends le ruisseau, l'eau qui coule dans le ruisseau. Il y a une bonne odeur d'été, de fleur, pendant que tu te diriges au bout du champ. En arrivant à la cabane, tu la regardes de l'extérieur. Tu connais bien cette cabane. Il n'y a aucune fenêtre, lorsque tu vas entrer, il fera très noir. Tu te prépares, tu ouvres la porte et tu la refermes derrière toi. Tout est noir. Écoute, dans la cabane, il y a quelque chose qui bouge. Quel est donc ce bruit ? C'est un animal qui se déplace. Ce n'est pas le bruit normal d'un animal domestique, c'est un autre animal que tu ne reconnais pas tout de suite. Il a une odeur aussi, différente. L'animal s'approche de toi. Tu tends les bras pour le toucher. Tu ne crains pas puisque ce sont tes parents qui t'ont envoyé là. Ce n'est pas dangereux pour toi. Tu touches cet animal. Quelle texture, qu'est-ce qui recouvre son corps ? C'est doux, c'est rugueux, c'est lisse ? Peut-être que tu commences à avoir une idée de ce qu'est cet animal. Quelle est sa taille ? Comment est-il fait ? Quelle est sa forme ? Des pattes ? Pas de pattes ? Tu l'approches près de toi et tu le sens comme il faut. Maintenant il fait un son. Quel son ? Comment s'exprime cet animal ? La tâche que tu as maintenant, c'est d'aller me décrire comment ça s'est passé ton chemin pour te rendre jusqu'à la cabane, au moment où tu es entré et que tu as découvert ce petit animal ou ce gros animal qui t’attendait dans la cabane, en le décrivant sans utiliser le sens de la vue, simplement en utilisant tes autres sens. Qu’est-ce que tu as entendu ? Qu’est-ce que tu as senti avec tes mains ? Avec ton nez ? Qu’est-ce ce que tu as peut-être même goûté avec la bouche ? Quand tu écris prends le temps aussi de parler de tes émotions. Comment tu t’es senti en apprenant la nouvelle de tes parents ? Quand tu as découvert cet animal dans la cabane, comment tu étais, tes émotions à toi ? Comment était l’atmosphère aussi en entrant ? Quand tu es prêt, tu m’écris ton paragraphe. Oratrice: Les élèves se mettent à la tâche d’écriture puis, quelques-uns partagent avec la classe ce qu’ils ont écrit. Élève 3: Une journée chaude et humide, mes parents m’annoncent qu’il y a une surprise qui m’attend dans la cabane au fond de ma cour. Sans hésiter, je suis allée dehors. J’ai couru vers la cabane. Finalement, j’y suis, j’ouvre la porte et la referme derrière moi. En entrant, je n’entends rien et je ne sens rien non plus. Quelques secondes plus tard, une petite bête vient vers moi, je la flatte, il est doux. Son poil est court, il a un petit museau mouillé. Son corps est long et mince, il a une longue queue. Après l’avoir touché, j’entends un bruit aigu que je ne connaissais pas, mais je pense avoir deviné que c’était un furet. Valérie Méthot : Bien merci. Peut-être qu’on aurait pu arrêter avant puis voir si les élèves auraient vu le même animal que Julie. Maxime est-ce que tu serais prêt à partager ce que tu as écrit ? Tu peux arrêter un peu avant la fin. Maxime : Okay. Je marchais jusqu’à la cabane proche de la forêt. J’ai ouvert la porte de la cabane et je l’ai fermée derrière moi. J’ai senti du bois moisi. J’ai touché une table et au dessus de la table ça sentait une odeur désagréable. J’ai touché ce qu’il y avait au-dessus de la table, j’ai senti la texture de l’objet et c’était un bol fait de vitre. Je me demandais pourquoi mes parents m’auraient donné un bol comme surprise ? J’ai mis ma main dans le bol et il y avait de l’eau. Je me demandais pourquoi il y aurait de l’eau. J’ai entendu « blok »; c’est ainsi que j’ai su qu’il y avait quelque chose qui respirait dans l’eau. J’ai essayé de trouver l’être vivant qui respirait dans l’eau, je l’ai attrapé et sa texture était gluante . J’ai pris l’animal, je l’ai senti avec mon nez et sa senteur était horrible. C’est là que j’ai découvert que c’était-- Élève 4: Un poisson. Valérie Méthot : Un poisson. Maxime : C’est là que j’ai découvert que c’était un poisson et que je dois le mettre dans l’eau le plus vite possible si je ne veux pas qu’il meure. Valérie Méthot : Très bien. [silence]