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Lecteur multimédia

Transcription

Christian Dumais, professeur de didactique du français - Université du Québec à Trois-Rivières : Comment on peut évaluer l'oral autant quand on parle d'oral spontané que quand on parle d'oral préparé? En fait, la première des choses, il faut avoir enseigné l'oral pour l'évaluer. Autrement on tombe dans une forme de subjectivité puisqu'on ne sait pas nécessairement sur quel élément on va porter notre regard. Si j'enseigne l'oral, c'est à dire que j'enseigne des objets d'enseignement d'apprentissage, des conduites discursives, des genres oraux, c'est à dire des objets, des objets de l'oral comme le regard, la posture ou encore j'enseigne à justifier, j'enseigne comment faire un débat, j'aurai des points de repère puisque j'aurai enseigné aux élèves comment faire. Je leur aurai montré comment avoir une posture lorsqu'on est devant un groupe, comment je peux reformuler un propos. À ce moment là je vais savoir quoi observer, quoi évaluer. Les élèves, eux aussi auront une certaine sécurité puisqu'ils sauront que ce qui va être évalué c'est seulement ce qui a été enseigné. De cette façon là on s'assure que les élèves aient un certain contrôle sur leur prise de parole et l'enseignant lui a aussi certain éléments à observer et a des points de repère parce qu'il a vu les élèves s'exercer avant. Ce qui implique qu'on doit amener les élèves à s'exercer et ne pas tomber directement dans une prise de parole, une note. Il arrive à certaines occasions que on envoie le travail de préparation à la maison, que l'élève arrive dans la classe et c'est ça qu'on évalue. Donc on ne le ferait pas à l'écrit, on ne devrait pas le faire à l'oral. On devrait donner la possibilité aux élèves de pouvoir s'exercer à plusieurs reprises, recevoir des rétroactions de leurs paires, des enseignants, de différentes personnes avant d'en arriver à un produit final qu'on va évaluer. Si en plus on a enseigné des objets de l'oral on va savoir sur quoi faire porter l'évaluation et on va avoir des points de repères puisque les élèves on va les avoir vu s'exercer. On va savoir jusqu'où ils peuvent se rendre et qu'est-ce qui est réaliste par rapport à l'évaluation. Quand il est question d'enseignement de l'oral il faut aussi éviter de donner seulement des consignes. Parce que donner une consigne ça ne veut pas dire que l'élève va être capable de comprendre. Si je dis à un élève, "Parle plus fort." qu'est-ce que ça veut dire pour lui? Donc plutôt que de donner des consignes on devrait plutôt y aller en coconstruction avec les élèves. C'est à dire, qu'est-ce qui est attendu par rapport au volume, au débit, au regard. Une des stratégies intéressantes c'est d'y aller avec des contre-exemples et des exemples. Comme enseignant on peut s'enregistrer. Quelqu'un qui a un volume trop faible, un volume trop fort et finalement avoir un exemple à confronter les différents éléments. C'est là où, avec les élèves, on va retirer les éléments essentiels. Avec eux on va déterminer les critères importants. Lorsque je suis dans un débat et que je veux argumenter je pourrais présenter aux élèves une mauvaise argumentation, une bonne argumentation et on retire ensemble ce qui fait en sorte que c'est bien ou que c'est moins bien. On va partir de ce que eux vont trouver pour construire notre enseignement et ça deviendra les critères d'évaluation. Donc il ne faut pas avoir peur d'amener les élèves à participer à la création des critères d'évaluation à l'enseignement. Plus ils seront impliqués, plus ils auront conscience de ce qu'ils doivent faire. Il ne faut pas hésiter à les amener à s'exercer le plus souvent possible. Plus les élèves vont s'exercer, plus ils vont prendre conscience de leurs forces, de leurs limites et plus ça va être évident pour eux par la suite de remettre en pratique ce qu'ils ont appris et de connaître où seront leurs limites et de pouvoir travailler ces limites là. Tout ça pour dire qu'un ne doit pas hésiter à impliquer les élèves dans la préparation, dans l'enseignement, dans l'évaluation de l'oral. Ils sont partis prenants finalement de leur prise de parole. Donc si on veut vraiment faire en sorte qu'ils développent cette compétence là ils doivent participer le plus possible et s'éloigner de "faites ceci, ne faites pas cela" mais comment on peut améliorer sa prise de parole, comment on peut mettre en pratique tel ou tel objet en co-construisant ensemble les éléments sur lesquels on va travailler.

Les objets d'apprentissage et d'évaluation dans le contexte spontané et préparé

Les capsules pédagogiques de cette série clarifient quatre composantes :

  • repenser l’apprentissage de la langue française dans notre milieu plurilingue et pluriethnique en Ontario
  • préciser les compétences langagières à l’oral à observer et à enseigner
  • proposer des stratégies d’apprentissage et d’enseignement qui répondent aux profils des élèves dans nos écoles de langue française en Ontario
  • faire le monitorage de l’apprentissage des compétences langagières du point de vue d’une direction d’école coapprenante.