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Lecteur multimédia

Transcription

Pédagogue : Parlons maintenant du conseil de coopération. La salle de classe, c'est comme une petite société pour les élèves, ils y passent une bonne partie de leur temps. Pourquoi ne pas se servir de cette dynamique pour y inclure à la fois le développement du caractère et le fondement des règles qui régissent notre société ? Vous verrez à tour de rôle une enseignante, une élève et un parent vous parler du conseil de coopération. Visuel : [Des images d'une salle de classe avec une enseignante et des élèves défilent.] Enseignante : Le conseil de coopération, c'est une technique de gestion de classe d'enfants qui permet... C'est une gestion autogérante, je dirais, par les enfants. C'est les enfants qui règlent eux-mêmes avec mon conseil. C'est moi qui les guide, mais ils règlent eux-mêmes les problèmes. C'est quelque chose que je mets en place dès la première journée d'école. C'est une de mes activités les plus importantes. La première journée d'école, on s'installe, on s'assoit, on se présente, on fait une sorte de brise-glace, puis tout de suite, on rentre dans le conseil de coopération parce que c'est là qu'on établit les routines, les règlements de la classe. Ce sont des lois qui sont élaborées la première journée d'école par les enfants. C'est ma quatrième année, je crois, en conseil de coopération et à chaque fois, les lois ont été différentes. Il y en a qui sont ajoutées pendant l'année parce qu'on détermine : " Ah, ça, c'est important ". Par exemple, il y a trois semaines, on a déterminé une nouvelle loi : en rang, on n'a plus le droit de dépasser les autres. C'est devenu une nécessité parce qu'on avait plein de plaintes. Le conseil de coopération, c'est très simplement des catégories. On a les félicitations. On a ajouté les remerciements cette année, c'était une demande d'un enfant. Moi, je pense qu'on devrait avoir une catégorie " Je remercie " et une catégorie " Je m'excuse ". On en a de différents, qu'il y en a qui reviennent, qui ne reviennent pas, mais c'est les enfants qui ont demandé. C'était dans les " Je veux parler. Je pense qu'on devrait ajouter telle chose ". Puis, c'est vraiment ce que c'est un conseil de coopération, c'est écouter les enfants, prendre leurs suggestions. Pour eux, c'est important, c'est leur voix. Ils peuvent parler, ils ont le droit d'avoir des idées et on vote. C'est très démocratique, car on choisit, on vote. C'est vraiment un vote à main levée et je note. Dans mon cartable, il y a le résumé de chacune des rencontres du conseil de coopération. C'est très officiel. C'est officiellement ouvert. C'est terminé, on lit, on note. Je garde toutes les critiques, toutes les félicitations, tous les " Je veux parler de ". Ils sont dans des pochettes dans mon cartable pour qu'on puisse aller. Puis, on peut toujours aller voir à l'intérieur parce qu'on va dire " Moi, je pense que c'est la troisième fois qu'on critique pour cette même chose ". Maintenant, quand ça fait trois fois, on peut revenir à un enfant puis dire : " Maintenant, ça fait trois fois. Il faudrait qu'on fasse quelque chose " et en tant que groupe, on essaie de trouver une solution, on essaie de trouver comment faire pour aider cet enfant-là à surmonter cette difficulté. Plus souvent, il y a des enfants qui vont dire : " Moi, je suis disponible à être son rappel, pour lui rappeler de ne pas faire ça ". On doit faire un message clair avant de faire une critique, sinon il y en aurait 150 000. On doit faire un message clair. Moi, je ne commence jamais avec les messages clairs. On voit toujours la nécessité après un certain temps quand ça fait deux semaines de suite, trois semaines de suite qu'il y a 25 critiques. Le message clair, c'est tout simplement : " Francis, je n'ai pas aimé quand tu m'as pilé sur le pied en rang ". Est-ce que tu peux arrêter s'il te plaît ? " Il y a deux façons. On peut finir par, est-ce que tu peux arrêter s'il te plaît, mais c'est super important dans le message clair d'utiliser la formule " As-tu compris ? " Parce que si moi, je te dis " As-tu compris ? ", je m'attends à ce que tu me répondes. Si tu me dis " Oui ", tu as entendu mon message clair, ce qui veut dire que techniquement, tu devrais faire attention. Alors, un enfant, en premier, il devrait toujours faire un message clair. Ensuite, si le comportement se reproduit, il a le droit de faire une critique. Ça, c'est quelque chose qu'on a établi ensemble en conseil de coopération. Il y a des critiques qui peuvent être faites tout de suite. Un enfant qui peut faire mal a le droit de faire une critique tout de suite. Si tu te fais pousser, puis tu tombes, puis tu t'égratignes ou quelque chose comme ça, tu as le droit de faire la critique tout de suite parce que tu t'es fait mal. Ça, c'est les maux des enfants, puisque pour eux, c'est important. Ce que j'ai trouvé génial quand j'ai commencé le conseil de coopération, c'est le fait que c'est libérant pour moi. Combien de fois je revenais de récré et j'avais le bureau plein de réclamations diverses qui pouvaient être ouvertes pendant 15 minutes. Des fois, je me souviens d'être revenue d'une récré puis de faire : Ok, non, le bureau des plaintes, il est fini, il est fermé. Je n'entends aucune plainte aujourd'hui parce que tout ce qu'ils veulent, les enfants, c'est qu'on les écoute. Ils veulent te dire que : " Lui là, il a pris mon crayon ", tandis que là, ce n'est pas compliqué : il se lève, tu les vois, ils sont fâchés, ils se lèvent, ils vont prendre une feuille, il écrit : " Je critique, machin, parce qu'il m'a pris mon crayon. Signé na na na, la date ". Puis là, ils vont le mettre, puis il sort soulagé. C'est bon, fini, on n'en parle plus. Après avoir parlé au prochain conseil de coopération il va dire : " Oui, c'est ça. Il me l'a redonné. On fait un petit contrôle, c'est parfait ". Visuel : [L'enseignante parle face à la caméra.] Enseignante : Je déclare le conseil de coopération officiellement ouvert. À l'ordre du jour aujourd'hui, nous avons " Félicitations ", " Je m'excuse ", quelques critiques et deux " Je veux parler de ", un échange de livres d'Éric et de la fin de l'année d'Élise. J'espère qu'on va avoir le temps d'y penser. Quelques critiques. " Je m'excuse à toute la classe pour les avoir énervés. Je m'excuse très ". Lexia, le mardi 9 juin 2009. Est-ce que tu veux expliquer ? Élève 1 : Oui, parce que [unintelligible 00:05:50] avait énervé toute la classe. Je ne sais pas pourquoi, je ne me rappelle pas, mais je m'excuse beaucoup. Je vous avais tous énervés et je ne voulais pas, surtout Peter. Enseignante : D'accord. Merci de t'avoir excusé. " Je critique Page à cause de la corde à danser ". Évelyne, le jeudi 11 juin 2009. Élève 2 : [unintelligible 00:06:10] parce qu'on a déjà réglé le problème. Enseignante : Vous avez déjà réglé votre problème ? C'est parfait. Merci beaucoup. Vous avez fait ça rapidement, c'est arrivé aujourd'hui, ça. Non ? " Je veux parler de faire un échange de livres avant la fin de l'année ". Éric, le 10 juin 2009. Éric, vas-y. Élève 2 : S'il y a des livres qu'on ne veut plus lire, mais tu penses que d'autres personnes voudraient les lire, on peut les amener ici, puis on peut les échanger. Élève 3 : Ça m'a fait un peu penser à quand on faisait les 12 lois. Moi et Éric, on avait, c'était le numéro 11, c'est que si tu voulais un changement, tu envoyais une lettre au gouvernement et c'est comme si tu es le gouvernement. Enseignante : C'est vrai, tu as raison. Élève 3 : Et on est des citoyens un peu. Enseignante : Oui. Le jeu, c'était " S'exprimer " et c'est ce qu'on fait en conseil de coopération dans le sens où on s'exprime et on dit quand on est d'accord ou pas d'accord et ce qu'on voudrait changer. Tu as tout à fait raison. C'est vrai par exemple que les cartables de conseil de coopération, c'est les livres des lois : il y a les lois de la classe dedans, il y a toutes les décisions qu'on a prises en conseil de coopération. Le conseil de coopération est officiellement terminé. Je vous demande de retourner vous asseoir à vos places. Visuel : [Scène dans une salle de classe. L'enseignante est assise sur une chaise, les élèves sont assis autour d'elle.] Élève 4 : Oui, je pense c'est une bonne idée, parce que des fois si tu as un problème, tu peux toujours... Si tu es un peu embarrassé d'aller à la personne, c'est un peu plus général quand tu fais avec le conseil de coopération et aussi, c'est pour féliciter. Ça fait la personne contente parce que tout le monde entend. À part ça, je voulais parler de, ça fait les autres penser à des idées. Ils diront : " Ça, c'est une bonne idée ". Là, peut-être il y a plus de chance que ça va arriver ou quelque chose. Visuel : [L'élève parle devant la caméra.] Mère : C'est génial. Ma fille, la première de chose, elle a vraiment appris à faire des messages clairs même que ça en devenait un petit peu fatiguant par bout. Ça a été très, très, très positif comme expérience puisque, comme a dit Nadine, ça donne une voix à l'enfant, puis ça leur donne aussi un sens d'appartenance à leur salle de classe parce qu'ils discutent aussi des sujets qui les intéressent, ils prennent des décisions de classe ensemble, puis finalement, c'est leur salle de classe. C'est un lieu où ils viennent tous les jours. Pour eux, c'est important de se faire entendre, puis de participer aux décisions. Puis, il y a beaucoup de modélisations aussi. Je trouve, c'est toute une façon de développer leurs caractères, de leur montrer comment prendre des décisions, de résoudre des problèmes dans un contexte officiel, mais quand même ouvert, où chacun a droit de parole. Pour moi, ça a été très positif. Je sais que la plupart de temps, ça avait lieu la même journée dans la semaine. Rares sont les journées où mon enfant voulait manquer l'école s'il y avait un conseil de coopération, pas qu'elle voulait manquer l'école, mais c'était vraiment motivant pour les enfants et je pense que chaque classe devrait vivre ce conseil de coopération. Visuel : [La mère parle devant la caméra.]

Conseil de coopération

La gestion de classe ne consiste pas seulement à gérer les comportements désagréables et indésirables. C’est beaucoup plus que ça : c’est aussi gérer l’espace, le temps, les groupes et les ressources.